Sketchnote : prendre des notes illustrées.
J’entends parler du sketchnoting, ou prise de notes par le dessin, depuis quelques années. Cependant, malgré plusieurs tentatives, je n’avais jusque là jamais été satisfait du résultat. Mais une récente formation sur le sujet m’a permis d’y voir un peu plus clair. Voilà mon retour d’expérience.
Ce qu’il faut savoir avec le sketchnoting, c’est que ce n’est pas une science exacte. Ni une capacité innée d’ailleurs. Et savoir dessiner n’est pas un prérequis. Au contraire, cela peut s’avérer handicapant. La prise de note par le dessin se veut simple. Plus vous compliquez les choses, plus la prise de notes sera difficile.
Je préfère prévenir que cet article n’a pas pour vocation de vous enseigner cette pratique, mais de la passer en revue comme une retranscription, et comme un retour d’expérience. Pour vous former, je vous conseille vivement de vous procurer The Sketchnote Handbook de Mike Rohde.
La méthode
L’élément indispensable dont je ne disposais pas lors de mes précédentes experiences sur le sujet, c’est la méthodologie. Je m’explique. On peut lire de nombreux articles, voir des conférences, et s’y essayer ou s’entrainer chez soi, mais en l’absence de méthodologie, le résultat peut rapidement varier. Et la satisfaction n’est pas forcément au rendez-vous.
En réalité, la méthode du sketchnoting repose sur le même principe que n’importe quelle méthode de prise de notes existantes : l’optimisation. Une fois qu’on en devient conscient, tout devient plus simple. Je vais d’ailleurs passer en revue les principaux éléments de cette méthode. Chacun de ces points a son homologue dans de nombreuses situations déjà existantes.
Filtrer les informations
Comme n’importe qui, nous souhaitons au premier abord retenir et retranscrire TOUTES les informations que nous recevons. C’est une erreur. La majorité des cerveaux sur cette planète n’en a pas la capacité. Le votre en fait certainement parti. Tout comme le mien. Il n’y a pas de honte à avoir.
L’essentiel de la prise de notes, que ce soit par le dessin ou par retranscription écrite, repose sur la capacité de filtrage des informations essentielles. Plus vous voudrez retranscrire d’informations, plus vous risquez de passer outre les informations importantes. Pour cela, je respecte les greffiers de justice.
Il est donc indispensable de ne pas s’attacher à des détails sans importance. À moins que ceux-ci aient un fort impact émotionnel qui vous permettra de retenir. Mais il faut savoir que quelqu’un d’autre consultera peut-être vos notes. Et que ce détails n’aura pas forcément le même effet sur lui.
Pour ma part, je préfère emmagasiner 2–3 informations que je retranscrirai rapidement avec des termes et notions génériques. De plus, avoir quelques informations d’avance sur ma prise de notes me permet de mieux hiérarchiser ma retranscription.
Se construire un vocabulaire
Lorsque nous apprenons une nouvelle langue, plus notre vocabulaire est important, plus il nous devient facile de communiquer. Il est donc important de se construire une bibliothèque de représentations. Mais au delà de ça, l’absence de vocabulaire peut se pallier par le contournement ou la métaphore.
D’ailleurs, la conférence sur la LSF à Paris Web de Sandrine Schwartz en est le parfait exemple. Nous utilisons de nombreux termes spécifiques à notre métier au quotidien. D’autant plus que certains s’avèrent particulièrement récents, et que toutes les langues n’en ont pas une traduction. C’est le cas de la LSF qui doit trouver un moyen détourné d’exprimer ces notions. Prendre des notes est exactement dans le même cas. Le vocabulaire s’étendra de toute manière. Mais pour l’instant, vous devez exprimer une idée sans le vocabulaire approprié.
Tourner autour du pot est une expression péjorative. Mais quand il nous est difficile d’exprimer une idée, cela peut rapidement nous sauver la mise. Dans la mesure du possible, utilisez le vocabulaire. Sinon, exprimez une valeur qui s’en rapproche le plus possible.
Simplifier la prise de notes
De la même manière que les étudiants utilisent des acronymes, il est essentiel de simplifier au maximum notre représentation du sujet abordé, tout en conservant le sens. C’est ici que la capacité de dessin peut devenir troublantes. La prise de notes est par définition rapide. Il faut donc simplifier au maximum notre expression. Quitte à omettre de nombreux détails sans intérêt.
Dans l’idéal, il ne faut exprimer que le strict minimum. Rien ne nous empêche d’y revenir plus tard. De cette manière, il est plus simple de conserver la linéarité de notre écoute. Il n’est pas question de perdre le fil ici. Cela nous exposerai à une situation difficile. Ce n’est pas le but du sketchnoting.
À dire vrai, s’entrainer à exprimer des idées par le dessin est tout indiqué. D’une expression complexe, il est intéressant de la travailler jusqu’à en obtenir la représentation la plus simple et la plus rapide possible.
Structurer le document
La structure du document est certainement l’élément le plus complexe à maitriser une fois que nous possédons le vocabulaire et la capacité de filtrage. Mais la méthode de sketchnoting a prévu ce cas là. On parle alors de structure pop-corn.
Le concept est simple. Au début de notre prise de notes, différentes notions « pop »ent sur notre prise de notes. Mais peut-être que la structure que nous entrevoyons ne sera pas la bonne. Peut-être que l’orateur a une organisation de sa présentation à laquelle nous n’avons pas pensé. Peut-être avons nous mal compris cette structure au départ. Dans ce cas, il est possible de relier les différentes idées à posteriori.
D’autre part, la structure du document est également représentée par la hiérarchisation des informations. Tout comme lorsque nous rédigeons des chapitres, différents niveaux de titres peuvent être nécessaires. Il faut donc faire attention à ne pas mettre au premier plan une information qui s’avèrera secondaire.
L’ordre de la prise de notes
Il me semble que l’ordre de retranscription des informations est un point très importante dans le Sketchnote. Plus on tente de retranscrire tôt des liens entre les informations, plus nous risquons de faire faux pas. Or la prise de notes illustrées n’autorise pas vraiment l’erreur. À moins d’utiliser un crayon à papier. Mais cela demande un travail supplémentaire pour revenir forcer le trait à l’aide d’un feutre plus tard. Mieux vaut essayer de s’en passer.
Je recommande donc d’utiliser l’ordre de retranscription suivant :
- La notation de termes, en toutes lettres dans des zones qui nous paraissent logiques.
- L’illustration de ces termes dès que possible, au cours d’un temps d’arrêt ou d’une répétition de l’information par exemple
- L’encadrement de différents éléments et l’association à un titre, une fois tous les éléments énoncés.
- Le dessin du parcours ou fil conducteur à la toute fin pour ne rien oublier.
Les usages
Tandis que nous entendons parler de Sketchnotes au cours des conférences professionnelles, l’usage peut être étendu à de nombreux domaines. C’est ensuite à chacun de se faire une idée sur les motivations d’utiliser ou non la prise de notes illustrée.
Mais ce qui est important dans l’usage, c’est qu’il s’agit d’un support. Il me semble rare qu’un sketchnote se suffise à lui-même. Rien ne vaut le fait d’assister à une présentation ou l’explication par la personne qui a rédigé ces notes elle-même.
La prise de notes
Bien évidemment, le sketchnoting est principalement utilisé dans la prise de notes. Pour retranscrire une conférence. Ou bien une émission télévisé. Ou bien lors d’un cours. En resumé, on s’en sert pour retranscrire et mémoriser des enseignements.
C’est une façon ludique de conserver les informations importantes tout en gagnant du temps et donc en conservant son attention sur l’orateur. D’ailleurs, se concentrer sur cette prise de note me semble limiter la distraction par des éléments extérieurs. Certainement du fait que je sois novice, certes. Mais la prise de note demande de toutes manières une attention particulière à laquelle les perturbations ne sont pas invitées.
Mais ce qui est vraiment intéressant dans la prise de notes illustrée, c’est que nous pouvons accorder autant d’importance à ce qui est dit qu’à ce que nous retranscrivons. Et c’est là tout l’intérêt selon moi.
La communication et le partage
J’observe régulièrement le partage de sketchnotes sur Twitter et autres réseaux sociaux suite aux conférences. Et l’idée est intéressante. Cette pratique permet aux absents d’accéder à la connaissance—ce qui est louable—, et aux présents de compléter leur prise de notes.
Cependant, j’émets une réserve quant à la capacité d’un tel document à transmettre toutes les informations au destinaire tout en conservant une clarté limpide. Pour autant, si l’auteur de la prise de notes se rend disponible pour compléter et/ou expliquer son expression, alors je suis on ne peut plus d’accord.
Le plaisir de retranscrire
Je n’avais pas envisagé l’usage de retranscrire par plaisir jusqu’à ce qu’on me l’énnonce. Je suis de ces personnes toujours prêtes à voyager. Et pourtant, je passe de longues journées à rédiger les articles de mes expériences. À vrai dire, le format de sketchnotes me paraît bien plus indiqué. Rapide, simple, ludique et suffisament efficace pour résumer le vécu.
Cela revient à utiliser ses notes pour communiquer, mais quitte à faire un voyage, pourquoi passer autant de temps à le vivre qu’à le retranscrire ? C’est décidé ! J’opterai pour la prise de notes illustrées la prochaine fois ! Affaire à suivre donc …
En conclusion
Si je devais résumer, le sketching n’est pas une pratique facile. Il vaut mieux être préparé et l’expérience complètera les manques. Je reste cependant persuadé qu’un bon enseignement dans la méthodologie reste indispensable. La formation n’en est que plus accélérée. Et la pratique initiale moins frustrante.
Maintenant, concernant l’usage, chacun est libre de ses activités. En fonction de la façon d’utiliser cet outil, les choses peuvent s’avérer plus ou moins faciles. Par exemple, je m’exercerai davantage au sketchnote lors des présentations généralistes. Pour autant, je ne suis pas encore certain de pouvoir suivre des thèmes ultra-précis avec le sketchnote.
Bien entendu, tout ceci est un avis entièrement subjectif. Et celui-ci évoluera dans le temps grâce à la pratique. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y essayer afin de faire votre propre avis sur le sujet.
Bon sketching !