Sketchnote : prendre des notes illustrées.

Sketch­note : prendre des notes illus­trées.

Sommaire
  1. La méthode
  2. Les usages
  3. En conclu­sion

J’en­tends parler du sketch­no­ting, ou prise de notes par le dessin, depuis quelques années. Cepen­dant, malgré plusieurs tenta­tives, je n’avais jusque là jamais été satis­fait du résul­tat. Mais une récente forma­tion sur le sujet m’a permis d’y voir un peu plus clair. Voilà mon retour d’ex­pé­rience.


Ce qu’il faut savoir avec le sketch­no­ting, c’est que ce n’est pas une science exacte. Ni une capa­cité innée d’ailleurs. Et savoir dessi­ner n’est pas un prérequis. Au contraire, cela peut s’avé­rer handi­ca­pant. La prise de note par le dessin se veut simple. Plus vous compliquez les choses, plus la prise de notes sera diffi­cile.

Illustraction des bases du sketching

Je préfère préve­nir que cet article n’a pas pour voca­tion de vous ensei­gner cette pratique, mais de la passer en revue comme une retrans­crip­tion, et comme un retour d’ex­pé­rience. Pour vous former, je vous conseille vive­ment de vous procu­rer The Sketch­note Hand­book de Mike Rohde.

La méthode

L’élé­ment indis­pen­sable dont je ne dispo­sais pas lors de mes précé­dentes expe­riences sur le sujet, c’est la métho­do­lo­gie. Je m’ex­plique. On peut lire de nombreux articles, voir des confé­rences, et s’y essayer ou s’en­trai­ner chez soi, mais en l’ab­sence de métho­do­lo­gie, le résul­tat peut rapi­de­ment varier. Et la satis­fac­tion n’est pas forcé­ment au rendez-vous.

En réalité, la méthode du sketch­no­ting repose sur le même prin­cipe que n’im­porte quelle méthode de prise de notes exis­tantes : l’op­ti­mi­sa­tion. Une fois qu’on en devient conscient, tout devient plus simple. Je vais d’ailleurs passer en revue les prin­ci­paux éléments de cette méthode. Chacun de ces points a son homo­logue dans de nombreuses situa­tions déjà exis­tantes.

Filtrer les infor­ma­tions

Comme n’im­porte qui, nous souhai­tons au premier abord rete­nir et retrans­crire TOUTES les infor­ma­tions que nous rece­vons. C’est une erreur. La majo­rité des cerveaux sur cette planète n’en a pas la capa­cité. Le votre en fait certai­ne­ment parti. Tout comme le mien. Il n’y a pas de honte à avoir.

L’es­sen­tiel de la prise de notes, que ce soit par le dessin ou par retrans­crip­tion écrite, repose sur la capa­cité de filtrage des infor­ma­tions essen­tielles. Plus vous voudrez retrans­crire d’in­for­ma­tions, plus vous risquez de passer outre les infor­ma­tions impor­tantes. Pour cela, je respecte les gref­fiers de justice.

Il est donc indis­pen­sable de ne pas s’at­ta­cher à des détails sans impor­tance. À moins que ceux-ci aient un fort impact émotion­nel qui vous permet­tra de rete­nir. Mais il faut savoir que quelqu’un d’autre consul­tera peut-être vos notes. Et que ce détails n’aura pas forcé­ment le même effet sur lui.

Pour ma part, je préfère emma­ga­si­ner 2–3 infor­ma­tions que je retrans­cri­rai rapi­de­ment avec des termes et notions géné­riques. De plus, avoir quelques infor­ma­tions d’avance sur ma prise de notes me permet de mieux hiérar­chi­ser ma retrans­crip­tion.

Se construire un voca­bu­laire

Lorsque nous appre­nons une nouvelle langue, plus notre voca­bu­laire est impor­tant, plus il nous devient facile de commu­niquer. Il est donc impor­tant de se construire une biblio­thèque de repré­sen­ta­tions. Mais au delà de ça, l’ab­sence de voca­bu­laire peut se pallier par le contour­ne­ment ou la méta­phore.

Se construire un vocabulaire

D’ailleurs, la confé­rence sur la LSF à Paris Web de Sandrine Schwartz en est le parfait exemple. Nous utili­sons de nombreux termes spéci­fiques à notre métier au quoti­dien. D’au­tant plus que certains s’avèrent parti­cu­liè­re­ment récents, et que toutes les langues n’en ont pas une traduc­tion. C’est le cas de la LSF qui doit trou­ver un moyen détourné d’ex­pri­mer ces notions. Prendre des notes est exac­te­ment dans le même cas. Le voca­bu­laire s’éten­dra de toute manière. Mais pour l’ins­tant, vous devez expri­mer une idée sans le voca­bu­laire appro­prié.

Tour­ner autour du pot est une expres­sion péjo­ra­tive. Mais quand il nous est diffi­cile d’ex­pri­mer une idée, cela peut rapi­de­ment nous sauver la mise. Dans la mesure du possible, utili­sez le voca­bu­laire. Sinon, expri­mez une valeur qui s’en rapproche le plus possible.

Simpli­fier la prise de notes

De la même manière que les étudiants utilisent des acro­nymes, il est essen­tiel de simpli­fier au maxi­mum notre repré­sen­ta­tion du sujet abordé, tout en conser­vant le sens. C’est ici que la capa­cité de dessin peut deve­nir trou­blantes. La prise de notes est par défi­ni­tion rapide. Il faut donc simpli­fier au maxi­mum notre expres­sion. Quitte à omettre de nombreux détails sans inté­rêt.

Dans l’idéal, il ne faut expri­mer que le strict mini­mum. Rien ne nous empêche d’y reve­nir plus tard. De cette manière, il est plus simple de conser­ver la linéa­rité de notre écoute. Il n’est pas ques­tion de perdre le fil ici. Cela nous expo­se­rai à une situa­tion diffi­cile. Ce n’est pas le but du sketch­no­ting.

À dire vrai, s’en­trai­ner à expri­mer des idées par le dessin est tout indiqué. D’une expres­sion complexe, il est inté­res­sant de la travailler jusqu’à en obte­nir la repré­sen­ta­tion la plus simple et la plus rapide possible.

Struc­tu­rer le docu­ment

La struc­ture du docu­ment est certai­ne­ment l’élé­ment le plus complexe à maitri­ser une fois que nous possé­dons le voca­bu­laire et la capa­cité de filtrage. Mais la méthode de sketch­no­ting a prévu ce cas là. On parle alors de struc­ture pop-corn.

Le concept est simple. Au début de notre prise de notes, diffé­rentes notions « pop »ent sur notre prise de notes. Mais peut-être que la struc­ture que nous entre­voyons ne sera pas la bonne. Peut-être que l’ora­teur a une orga­ni­sa­tion de sa présen­ta­tion à laquelle nous n’avons pas pensé. Peut-être avons nous mal compris cette struc­ture au départ. Dans ce cas, il est possible de relier les diffé­rentes idées à poste­riori.

D’autre part, la struc­ture du docu­ment est égale­ment repré­sen­tée par la hiérar­chi­sa­tion des infor­ma­tions. Tout comme lorsque nous rédi­geons des chapitres, diffé­rents niveaux de titres peuvent être néces­saires. Il faut donc faire atten­tion à ne pas mettre au premier plan une infor­ma­tion qui s’avè­rera secon­daire.

L’ordre de la prise de notes

Il me semble que l’ordre de retrans­crip­tion des infor­ma­tions est un point très impor­tante dans le Sketch­note. Plus on tente de retrans­crire tôt des liens entre les infor­ma­tions, plus nous risquons de faire faux pas. Or la prise de notes illus­trées n’au­to­rise pas vrai­ment l’er­reur. À moins d’uti­li­ser un crayon à papier. Mais cela demande un travail supplé­men­taire pour reve­nir forcer le trait à l’aide d’un feutre plus tard. Mieux vaut essayer de s’en passer.

Je recom­mande donc d’uti­li­ser l’ordre de retrans­crip­tion suivant :

  1. La nota­tion de termes, en toutes lettres dans des zones qui nous paraissent logiques.
  2. L’illus­tra­tion de ces termes dès que possible, au cours d’un temps d’ar­rêt ou d’une répé­ti­tion de l’in­for­ma­tion par exemple
  3. L’en­ca­dre­ment de diffé­rents éléments et l’as­so­cia­tion à un titre, une fois tous les éléments énon­cés.
  4. Le dessin du parcours ou fil conduc­teur à la toute fin pour ne rien oublier.
Désobéir à ses émotions

Les usages

Tandis que nous enten­dons parler de Sketch­notes au cours des confé­rences profes­sion­nelles, l’usage peut être étendu à de nombreux domaines. C’est ensuite à chacun de se faire une idée sur les moti­va­tions d’uti­li­ser ou non la prise de notes illus­trée.

Mais ce qui est impor­tant dans l’usage, c’est qu’il s’agit d’un support. Il me semble rare qu’un sketch­note se suffise à lui-même. Rien ne vaut le fait d’as­sis­ter à une présen­ta­tion ou l’ex­pli­ca­tion par la personne qui a rédigé ces notes elle-même.

La prise de notes

Bien évidem­ment, le sketch­no­ting est prin­ci­pa­le­ment utilisé dans la prise de notes. Pour retrans­crire une confé­rence. Ou bien une émis­sion télé­visé. Ou bien lors d’un cours. En resumé, on s’en sert pour retrans­crire et mémo­ri­ser des ensei­gne­ments.

C’est une façon ludique de conser­ver les infor­ma­tions impor­tantes tout en gagnant du temps et donc en conser­vant son atten­tion sur l’ora­teur. D’ailleurs, se concen­trer sur cette prise de note me semble limi­ter la distrac­tion par des éléments exté­rieurs. Certai­ne­ment du fait que je sois novice, certes. Mais la prise de note demande de toutes manières une atten­tion parti­cu­lière à laquelle les pertur­ba­tions ne sont pas invi­tées.

Mais ce qui est vrai­ment inté­res­sant dans la prise de notes illus­trée, c’est que nous pouvons accor­der autant d’im­por­tance à ce qui est dit qu’à ce que nous retrans­cri­vons. Et c’est là tout l’in­té­rêt selon moi.

La commu­ni­ca­tion et le partage

J’ob­serve régu­liè­re­ment le partage de sketch­notes sur Twit­ter et autres réseaux sociaux suite aux confé­rences. Et l’idée est inté­res­sante. Cette pratique permet aux absents d’ac­cé­der à la connais­san­ce—ce qui est loua­ble—, et aux présents de complé­ter leur prise de notes.

Cepen­dant, j’émets une réserve quant à la capa­cité d’un tel docu­ment à trans­mettre toutes les infor­ma­tions au desti­naire tout en conser­vant une clarté limpide. Pour autant, si l’au­teur de la prise de notes se rend dispo­nible pour complé­ter et/ou expliquer son expres­sion, alors je suis on ne peut plus d’ac­cord.

Le plai­sir de retrans­crire

Je n’avais pas envi­sagé l’usage de retrans­crire par plai­sir jusqu’à ce qu’on me l’én­nonce. Je suis de ces personnes toujours prêtes à voya­ger. Et pour­tant, je passe de longues jour­nées à rédi­ger les articles de mes expé­riences. À vrai dire, le format de sketch­notes me paraît bien plus indiqué. Rapide, simple, ludique et suffi­sa­ment effi­cace pour résu­mer le vécu.

Cela revient à utili­ser ses notes pour commu­niquer, mais quitte à faire un voyage, pourquoi passer autant de temps à le vivre qu’à le retrans­crire ? C’est décidé ! J’op­te­rai pour la prise de notes illus­trées la prochaine fois ! Affaire à suivre donc …

En conclu­sion

Si je devais résu­mer, le sket­ching n’est pas une pratique facile. Il vaut mieux être préparé et l’ex­pé­rience complè­tera les manques. Je reste cepen­dant persuadé qu’un bon ensei­gne­ment dans la métho­do­lo­gie reste indis­pen­sable. La forma­tion n’en est que plus accé­lé­rée. Et la pratique initiale moins frus­trante.

Main­te­nant, concer­nant l’usage, chacun est libre de ses acti­vi­tés. En fonc­tion de la façon d’uti­li­ser cet outil, les choses peuvent s’avé­rer plus ou moins faciles. Par exemple, je m’exer­ce­rai davan­tage au sketch­note lors des présen­ta­tions géné­ra­listes. Pour autant, je ne suis pas encore certain de pouvoir suivre des thèmes ultra-précis avec le sketch­note.

Bien entendu, tout ceci est un avis entiè­re­ment subjec­tif. Et celui-ci évoluera dans le temps grâce à la pratique. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y essayer afin de faire votre propre avis sur le sujet.

Bon sket­ching !